Assurance maladie et victimes des implants PIP

Faux-sein silicone PIP
Face au problème de santé provoqué par l'implantation de prothèses mammaires défectueuses, de la marque PIP, les autorités sanitaires demandent aux 30.000 femmes qui en sont porteuses, de se faire enlever ces implants en silicone. Une "explantation" en masse qui serait financée par l'assurance maladie.

Ceci contrairement à la pose de faux seins, qui est à la charge de la patiente s'il ne s'agit pas de chirurgie réparatrice (suite à un cancer du sein par exemple).

Qui a financé la pause de ces prothèses?

Seulement 20% des victimes ont été implantées dans le cadre d'une chirurgie réparatrice suite à un cancer du sein. Dans ce cas, la pose des implants a été financée par l'assurance maladie. Pour celles qui en ont souscrit une, leur mutuelle a pu compléter les dépenses liées à la pose d'implant mammaire.

80% de ces femmes l'ont été pour des fins esthétiques: dans ce cas elles ont payé elles-mêmes la pose de leurs faux-seins. Mais toutes n'ont pas les moyens de financer leur enlèvement.

Qui va assurer le financement de l'extraction des prothèses PIP?

Selon Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement, c'est l'Assurance Maladie. Car il s'agit maintenant d'une campagne de prévention. Cette décision, relevant de la Direction Générale de la Santé et de l'institut du cancer, serait officialisée avant Noël. Et elle va coûter cher: 30 000 femmes sont concernées en France. Ces femmes auront intérêt à souscrire une mutuelle complémentaire, pour améliorer le niveau de prise en charge et de remboursement, notamment dans le suivi médical: examens de contrôle, hospitalisation, dépassement d'honoraire etc. Compte tenu du contexte particulier, certaines dépenses ne rentreront pas dans le cadre des ALD.

Mise en cause des prothèses PIP

Pour rappel, le scandale sanitaire a été révélé par le cas d'une femme décédée d'un lymphome, porteuse d'implants mammaires PIP. Si le lien de cause n'est pas totalement démontré, il est en revanche certain que ces prothèses ne respectent pas les normes de fabrication: elles ont été retirées du marché en 2010, pour cause d'éclatement fréquent. Le gel non conforme dont elles sont remplies cause une dégradation prématurée de la poche de silicone, et pourrait présenter un risque pour la santé.

Assurer la prévention du risque de cancers

Le Pr Jean-Yves Grall, Directeur Général de la Santé, a rapporté huit cas avérés de cancers, dépistés parmi ces 30 000 femmes en France. Soit 0,03 % des femmes implantées. Un pourcentage inférieur au "taux normal": 10 à 11% des femmes sont atteintes d'un cancer du sein, indépendamment de la pose de faux –seins en silicone.
Il faut noter que ce sont des cancers différents:

  • 5 cancers du sein "adénocarcinome",
  • 1 lymphome du sein,
  • 1 lymphome de l'amygdale,
  • 1 cas de leucémie.

Il n'est pas encore prouvé, de façon incontestable, que ces prothèses ont provoqué ces cancers. Mais pas question d'attendre de vérifier les statistiques dans l'avenir. Selon le chirurgien Laurent Lantieri, membre du comité de suivi, il n'y a pas d'urgence, mais il faut explanter toutes ces prothèses, par simple mesure de prévention de santé. Le Ministère de la Santé ne peut pas prendre le risque que d'autres femmes développent des maladies graves, qui coûteraient de toute façon plus cher à l'assurance maladie.

Augmenter le contrôle sanitaire et médical

Cette position ne dédouane pas la société PIP de sa responsabilité dans ce qui reste une escroquerie sanitaire: la procédure judiciaire en cours décidera des sanctions pénales et financières. C'est un scandale sanitaire qui s'ajoute à la série des escroqueries qui coûtent très cher à l'Assurance Maladie, comme le scandale du Médiator. Outre les remboursements normaux, il faut ensuite que l'Assurance Maladie finance la prise en charge des conséquences de ces scandales. Des dispositions légales sont en cours d'application, pour assurer un meilleur contrôle sanitaire des médicaments et actes touchant à la santé.

Un numéro vert pour assurer l'accompagnement des femmes

Les femmes concernées par ces implants mammaires défectueux peuvent appeler le 0800.636.636 pour demander conseil (Numéro vert). Des recommandations ont également été mises en place, pour les professionnels de santé qui réaliseront le suivi médical de ces femmes, et l'extraction de ces prothèses mammaires dangereuses.