Que penser du diesel lors des pics de pollution ?

pollution dieselLa Maire de Paris, Anne Hidalgo, a déclaré le 2 décembre 2016 vouloir en finir avec le diesel d’ici 2025. Elle ajoute même qu’il ne faut plus « penser comme hier » ce qui annonce de futurs changements radicaux. La ministre de l’Environnement Ségolène Royal, quant à elle, est favorable à l’interdiction du diesel. En effet, la motorisation diesel est pointée par les scientifiques comme étant une cause majeure de la pollution de l’air aux particules fines. Celle-ci est courante pour la propulsion automobile, mais aussi pour celle des bateaux. Néanmoins, 50 % des particules fines émises par le trafic routier ne proviennent pas de la combustion de carburant, mais de l’usure des pneus et des pièces mécaniques des véhicules, ainsi que de la dégradation de la chaussée, précise Air PACA, association de surveillance de la qualité de l’air agréée par le ministère de l’Environnement pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Aujourd’hui, les circulations alternées, covoiturages et transports en commun sont proposés comme solutions d’urgence lors des épisodes de pollution. Cependant, une vision sur l’ensemble de l’année est plus que nécessaire non seulement pour l’environnement, mais aussi pour notre santé qui se trouve directement impactée.

Pic de pollution : le diesel n’est pas en reste

Malheureusement, la France commence à s’habituer aux épisodes saisonniers de pollution. La pollution aux particules fines est connue comme étant dangereuse pour les personnes fragiles. Elle fait tousser l’ensemble de la population des villes qui constatent de façon plus ou moins impuissante une forte concentration des particules nocives dans l’air. Le haut des immeubles en devient flou sous un brouillard douteux, et à Paris la tour Eiffel se cache derrière un voile de pollution brunâtre.

En hiver, les particules dites fines s’incrustent dans le corps en passant par les bronches. Elles sont composées de métaux lourds, de cendres, ou encore de fumée d’où l’inquiétude de la population. Durant cette saison, il s’agit d’une pollution en majeure partie causée par le chauffage au bois, les industries, et les automobiles. Et sur le banc des accusés, il y a le diesel ! Cette motorisation est en effet à l'origine de nombreux symptômes tels que la gêne respiratoire, la toux, les maux de gorge, les maux de tête, l’irritation des yeux, etc. Le diesel peut également déclencher des crises d'asthme chez l'asthmatique ou bien des problèmes respiratoires chez l'enfant.

La météo est elle aussi un facteur déclencheur des pics d’alerte. Lorsque l’air est chaud mais que le sol reste froid, cela crée une sorte de couvercle par-dessus les villes. Les gaz émis chaque jour sont alors piégés et ne peuvent pas se disperser en raison d’une absence de vent. Cette année n’est pas épargnée. Des alertes de pics de pollutions ont été déclenchées à Paris, à Grenoble, à Lyon et sur l’ensemble des Bouches-du-Rhône ces derniers mois.

 

Conséquences de la pollution au diesel sur la santé

À chaque pic de pollution, il est fréquent d’être fragilisé par le niveau de particules anormalement présent dans l’atmosphère citadine. Aujourd’hui, le diesel est pourtant mis en avant dans la plupart des industries et des besoins énergétiques en raison de la puissance qu’il permet d’obtenir. Les coûts de ce carburant peuvent également sembler avantageux. Toutefois, le prix réel à payer par l’ensemble des Français n’est pas anodin. Dans l’hexagone, une étude de l’agence Santé publique France rappelle que la pollution de l’air est responsable de 9 % de la mortalité nationale. Les décès prématurés liés aux particules fines s’élèvent ainsi à 48 000 chaque année. Outre les conséquences directes sur les personnes malades ou fragiles, la pollution aux particules fines est responsable du développement de nouvelles pathologies chez des personnes saines, telles que l’asthme, la bronchite chronique et le cancer du poumon.

L’association AirParif, agrémenté par le ministère de l’Environnement, mesure la qualité de l’air sur l’ensemble de la région Ile-de-France. L'observatoire accuse le diesel d’être le responsable de l’émanation de deux tiers des particules fines créées par le trafic automobile. Dans l’opinion publique, la fameuse affaire du dieselgate refait surface. Le constructeur automobile allemand Volkswagen avait organisé une vaste fraude pour faire passer des modèles de ses moteurs comme étant moins polluants qu’ils ne le sont réellement pour les mettre ensuite sur le marché. D’autres marques automobiles ont par la suite été désignées elles aussi comme mauvaises élèves telles que Renault, Opel ou Ford.

Les alertes qui déclenchent des niveaux d’urgence dans les villes permettent notamment d’organiser des diminutions totales ou partielles du trafic routier dans les zones concernées. Lors de ces pics de pollution, les habitants sont également encouragés à ne pas pratiquer d’activité sportive intense pour préserver leur santé. Or il est nécessaire de prendre conscience que l’émission des gaz responsables de la dégradation de la qualité de l’air que nous respirons tous est présente tout au long de l’année. Les épisodes de pollution ne représentent que des mises en garde, contre une situation qui risquerait de se généraliser. Notons que la France n’est toutefois pas la plus à plaindre, car certaines métropoles dans le monde, comme en Chine, doivent supporter quotidiennement ce qui est pour nous un niveau d’alerte grave.

 

Marseille, capitale de l’air le plus irrespirable de France

La deuxième ville de France est également pointée du doigt. En cause ? L’air y serait le plus irrespirable de France. L’association Robins des bois qui promeut des comportements écologiques a ainsi communiqué au mois de mai 2016 un rapport qui fait figurer la cité phocéenne comme étant la zone où il y a la plus grande concentration moyenne de particules fines. Robin des bois considère ainsi que que c’est dans cette ville que l’air est le plus pollué tout au long de l’année. Air PACA, expert dans le recueil et l’analyse des données, conseille quant à elle la prudence vis-à-vis de ce type de classement. En effet, les additions et les moyennes ne rendent pas forcément compte de la situation réelle. La qualité de l’air de chaque commune est consultable sur le site officiel d'Air PACA.

Parmi les sources de cette pollution, nous pouvons citer entre autres les chauffages, les automobiles équipées de moteurs diesel, les incinérations en plein air, mais aussi l’activité du port de commerce. En effet, tandis que les bateaux de transports peuvent dorénavant s’abstenir de laisser tourner leur moteur diesel pour se fournir en énergie, les immenses bâtiments de croisières continuent de consommer une grande quantité de carburant sans retenue afin d’alimenter les services fournis aux milliers de passagers qui viennent chaque année. L’association Robins des bois parle d’un nombre d’escales supérieur à 500 toutes les saisons. Air PACA vient d'ailleurs de publier une analyse sur ce sujet.

 

Vers des énergies durables et un transport propre ?

Toutefois, tout n’est pas perdu. Afin de limiter l’émission des particules fines, de nombreuses solutions peuvent être adoptées au quotidien. Mises bout à bout, elles permettraient d’avoir une qualité de l’air qui se dégraderait beaucoup moins rapidement.

Aujourd’hui la forte densité de population comme c’est le cas dans les Bouches-du-Rhône accentue ces situations. Des mesures quotidiennes existent et sont encouragées par les pouvoirs publics. Elles sont cependant trop peu mises en place. La réduction du trafic automobile pourrait se faire grâce au covoiturage et à l’usage renforcé de transports en commun écologiques. De la même manière, la sensibilisation des consommateurs vers l’achat d’automobiles moins polluantes est une mesure qui permettra petit à petit l’assainissement du parc automobile, si ce n’est sa diminution. En ce qui concerne la consommation des ménages, des primes sont accordées sous la forme d’avantages fiscaux pour les changements de chaudière afin de favoriser une meilleure consommation et limiter la pollution. Avoir recours à cette démarche est un bon plan qui devrait plus souvent être partagé !

 

Quoiqu’il en soit, la relation entre diesel et pollution atmosphérique n’est plus à prouver. Les carburants sont depuis toujours pointés du doigt comme étant polluants et néfastes pour la santé mais celui qui remporte la première place sur le podium est le diesel. Si la transition n’est pas toujours facile, des mesures publiques pour la réduction des émissions de gaz polluants existent. La sensibilisation active de la population et des entreprises est sans doute le nouveau défi pour mettre en route une transition énergétique.