La solitude en France : un enjeu de santé majeur

La solitude, véritable mal du siècle ? Près de la moitié des Français se sentent seuls de manière régulière (44%), un phénomène qui se manifeste de façon alarmante chez les jeunes adultes (62%). 

Révélés par une étude de l’IFOP pour l’assurance animaux Goodflair en janvier 2024, ces chiffres mettent en lumière une réalité préoccupante de la vie en société. Aussi dangereuse que le tabac ou l’alcool, la solitude se révèle être un défi majeur pour la santé mentale et physique, appelant à une prise de conscience collective et à des actions ciblées pour y remédier durablement.

Les visages de la solitude : un mal intergénérationnel

La solitude revêt de multiples visages en France. D’après le sondage IFOP, la moitié des Français dit vivre régulièrement une situation d’isolement, avec plus de 6 jeunes sur 10 touchés par ce phénomène (62%) contre seulement un tiers des sondés de 65 ans (37%). 

Mais la solitude ne se limite pas à une question d’âge : elle touche également de manière significative les personnes inactives (60%) et en situation de précarité (59%).

A Paris, souvent stéréotypée comme la ville de l’individualisme, 57% des habitants expriment un sentiment de solitude. Une distinction géographique qui met en exergue les spécificités urbaines du sentiment d’isolement. 

L’expérience de la solitude varie enfin selon le sexe et le statut social. Les femmes tendent en effet à ressentir plus intensément la solitude que les hommes (48% contre 40%) et les personnes défavorisées y sont particulièrement vulnérables. 

Cette solitude subie peut engendrer de grandes souffrances chez les individus, comme des troubles anxieux ou dépressifs. 

La solitude, une menace silencieuse pour notre santé

La solitude n’est pas seulement une douleur sociale, ses conséquences sur la santé mentale et physique sont réelles. Le tableau dressé par IFOP est sombre : 67% des personnes se sentant seules ont déjà versé une larme du fait de cet isolement, tandis que 66% ont éprouvé du stress ou de l’anxiété. Les troubles du sommeil, les épisodes dépressifs et les pensées suicidaires sont les autres facettes des effets délétères induits par la solitude.

Loin d’être anodins, ces chiffres soulignent l’impact profond et souvent caché du manque de liens sociaux sur le bien-être psychologique.

Au-delà de ces manifestations émotionnelles, les répercussions de la solitude sur le corps sont comparables aux risques liés au tabagisme quotidien, à une consommation d’alcool élevée ou à l’obésité. Le risque de maladies cardiovasculaires ou d’infarctus s’en trouve également accru de 30% environ*.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la solitude est un véritable fléau pour la santé, exigeant une réponse immédiate pour en limiter les dommages. L’OMS s’est déjà emparée du sujet avec la création d’une Commission sur le lien social le 15 novembre 2023. 

Faire face à la solitude : des réseaux sociaux aux animaux de compagnie

Pour combler le vide et rompre leur isolement, les individus se réfugient essentiellement dans les réseaux sociaux (69%), les espaces publics (36%) et les applications de rencontre (32%). Si ces solutions offrent une connexion immédiate, leur capacité à instaurer des liens profonds et durables reste sujette à débat.

C’est souvent à travers la présence réconfortante des animaux de compagnie que beaucoup trouvent un remède plus efficace contre leur solitude. En effet, 80% des personnes sondées estiment que les interactions avec un animal apportent autant, sinon plus, de réconfort que les relations humaines. 

Par leur simple présence, les chiens, chats et autres animaux de compagnie contribuent à apaiser le stress en favorisant un sentiment de sécurité. Ils apportent non seulement une compagnie constante mais aussi un sens aux responsabilités quotidiennes de leurs adoptants. 

Le rôle essentiel des professionnels de santé 

Si les animaux offrent un certain soutien aux personnes seules, les professionnels de santé apportent aussi une aide indispensable pour surmonter les troubles plus profonds liés à l’isolement. 

Psychologues, psychiatres ou sophrologues offrent un espace sécurisé pour parler, comprendre et traiter les racines de la solitude. Faire appel à un professionnel de santé permet ainsi de développer des stratégies personnalisées pour faire face à l’isolement et ses effets. Au-delà des thérapies, ces derniers peuvent également guider les individus vers des associations et des activités sociales favorisant les liens sociaux. 

*déclaration de l’administrateur de la Santé publique des Etats-Unis dans le New York Times.