Etrangers: pas de franchise médicale

La nouvelle est tombée au début du mois de juillet : Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, a décidé d'abroger la franchise médicale d'État imposée aux sans-papiers. Une mesure dénoncée par l'opposition mais applaudie par les associations. Alors, cette mesure est-elle d'ordre sanitaire, social ou simplement démagogique ? Kelassur, votre comparateur de mutuelles santé, vous éclaire.

Le point sur la franchise médicale

Instaurée par le gouvernement Fillon en 2011, la franchise médicale permettait aux étrangers en situation irrégulière ou en situation précaire d'accéder aux soins, moyennant le paiement annuel d'une somme de 30 euros. Cette mesure, censée endiguer l'augmentation du nombre de bénéficiaires de l'AME (Aide médicale d'État, gratuite depuis 2000), a rapporté 3 millions d'euros à la Sécurité sociale l'année dernière. Pour rappel, l'AME joue le rôle d'une mutuelle (fonctionnement identique à la CMU) pour les étrangers en situation irrégulière.

Ce que disent les partisans de l'abrogation

Si la toute récente majorité s'est décidée à abroger la franchise médicale, c'est avant tout pour des raisons de santé publique. En effet, depuis son instauration en 2011, de nombreuses associations (Aides, Médecins sans frontière, la Cimade, etc.) dénonçaient le risque sanitaire que comportait cette mesure. Car, en limitant l'accès aux soins des personnes vulnérables (la plupart des bénéficiaires de l'AME sont des étrangers sans-papiers, des personnes isolées ou encore celles vivant sous le seuil de pauvreté), c'est l'ensemble de la population qui court un risque. Moins de dépistage ou une prise en charge trop tardive de certaines maladies augmentent sans aucun doute l'accroissement de risques sanitaires. De plus, ils insistent sur l'impact budgétaire modeste de cette franchise, en effet les frais de collecte seraient équivalent au montant récolté.

La droite crie à la démagogie

Dès l'annonce de la prochaine abrogation de la franchise médicale, plusieurs députés UMP sont montés au créneau. Thierry Mariani, député de la 11e circonscription des Français de l'étranger, a jugé cette mesure "totalement hallucinante et démagogique" , tandis que d'autres, comme Hervé Mariton, député de la Drôme, craignent des "dérives" , une fois ce "garde-fou" supprimé. Sans surprise, le FN a également vivement critiqué cette mesure, par la voix de Nicolas Bays, député du Pas-de-Calais, qui a déclaré que "le gouvernement Ayrault préfère accorder un coup de pouce aux immigrés clandestins plutôt qu'aux Français les plus modestes". L'opposition dénonce également le manque à gagner d'une telle décision, au moment où les caisses de l'État n'ont jamais été aussi mal en point et rappelant que le budget de l'AME est passé de 75 millions d'Euros en 2000 à 588 millions d'Euros en 2011.

Au-delà des considérations économiques ou sanitaires, il est malheureusement probable que l'abrogation de la franchise médicale donne du grain à moudre aux xénophobes et autres partisans de la "préférence nationale" . En ces temps de crise, le "vivre ensemble", est plus que jamais soumis à rude épreuve.